CEPII, Recherche et Expertise sur l'economie mondiale
Doha : un cycle en développement


David Laborde

Alors que le monde était encore sous le choc des attentats du 11-Septembre, 143 pays réunis à Doha en novembre 2001 décidèrent de lancer le premier cycle de négociations commerciales de l’ère de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La communauté internationale se devait de manifester son unité et son désir de renforcer les approches multilatérales, alors même que les événements réveillaient les instincts unilatéralistes de la première puissance mondiale. De plus, l’idée prévalait toujours que le développement économique et la lutte contre la pauvreté constituaient les meilleurs moyens de favoriser l’entente entre les peuples et les nations : si la misère fait le lit de la violence, il est primordial de la combattre. Ainsi, le cycle de Doha, qui aurait dû n’être qu’une nouvelle étape de la libéralisation commerciale, s’est trouvé porteur d’attentes et d’enjeux disproportionnés. L’OMC était en même temps victime de son succès : étant la seule institution internationale qui semblait capable de fonctionner rapidement et équitablement, on allait lui confier de plus en plus de questions connexes au commerce. Ainsi, outre les droits de douane, les subventions à la production ou aux exportations, les normes techniques et sanitaires etc., les problématiques sur le transfert de technologies, le droit du travail, la politique de la concurrence, le changement climatique essayaient de s’insinuer dans les débats. L’OMC devenait alors "la" solution de gouvernance mondiale, suppléant les autres institutions onusiennes et devant amener la prospérité mondiale. [...]


 L'économie mondiale 2008
La Découverte, Paris, 2007
pp.83-107

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