Le blog du CEPII

Nouvel épisode de récession pour l’économie Japonaise

Après une contraction trimestrielle de 7,3 % en rythme annualisé au second trimestre 2014, liée au passage de la TVA de 5 % à 8 % en avril dernier, un rebond du PIB réel supérieur à 2 % était attendu au troisième trimestre. Si bien que son recul de 1,6 % replongeant l’économie japonaise dans la récession a pris les analystes de court.
Par Evelyne Dourille-Feer
 Faits & Chiffres du 24 novembre 2014


L’important décalage entre les prévisions de croissance du PIB réel au troisième trimestre et les données préliminaires qui viennent d’être publiées [1] résulte de différentes surestimations des conjoncturistes allant du rebond de la consommation des ménages à la vigueur des exportations, en passant par l’investissement des entreprises. Cet optimisme les a conduit à une sous estimation importante de la contribution négative du déstockage à la croissance du PIB.

L’atonie des dépenses des ménages a joué un rôle central. Ainsi, la faible progression de leur consommation entre le deuxième et le troisième trimestre (+ 1,4 % en rythme annualisé) s’est traduite par une contribution positive à la croissance du PIB de seulement 0,8 points au troisième trimestre alors que les investissements en logements continuaient de se contracter fortement (graphique). Le recul des salaires réels sur fond de facteurs climatiques défavorables pendant l’été ainsi que les achats massifs de biens durables en anticipation de la hausse de la TVA expliquent cette faiblesse de la consommation des ménages. L’augmentation des salaires nominaux en 2014 s’est en effet révélée trop faible pour maintenir le pouvoir d’achat des ménages avec une inflation dopée par la TVA. De surcroît, l’accélération des dépenses publiques, notamment les investissements, a été insuffisante pour exercer une véritable traction sur l’économie.

La reprise attendue de l’investissement des entreprises ne s’est pas produite face à une demande en berne. Ce dernier poste a même contribué à un recul de 0,1 points de PIB en rythme annualisé. Mais ce sont les déstockages, beaucoup plus importants que prévus, qui ont eu la contribution la plus négative sur la croissance (- 2,5 % en rythme annualisé).

Quand aux exportations, malgré la forte baisse du yen, leur effet de traction sur l’économie a été faible. Outre le manque de dynamisme du commerce international, les délocalisations massives des unités de production japonaise des secteurs exportateurs comme l’automobile et l’électronique à partir des années 1990 expliquent ce résultat décevant.

Au total, l’impact de la hausse de la TVA est plus long à absorber que prévu, mais les données du quatrième trimestre devraient être meilleures (stockage, reprise de l’investissement des entreprises, perspectives de bonus d’hiver en forte augmentation…).


Graphique : Contribution trimestrielle au PIB réel en 2014 et croissance trimestrielle du PIB réel (en rythme annualisé)
 

Source : ESRI, SNA, données préliminaires, Novembre 2014

 

[1]  L’ESP forecast prévoyait 2,47% au troisième trimestre en rythme annalisé dans sa version publiée en japonais le 12 novembre 2014.

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